Les écrits de La Semeuse

La Semeuse *[plateforme de recherche pour une biodiversité urbaine]

 


Soin, savoir- faire et sociétés traditionnelles
par Ariane Leblanc, coordinatrice de La Semeuse, 2019

Projet « Soigner par les plantes de Dakar à Aubervilliers »

« De nombreux peuples entretiennent encore aujourd’hui des liens symbiotiques avec  leurs territoires. Un attachement à la terre, à leur environnement naturel, qui comme le soutient Philippe Descola avec son essai Par-delà nature et culture, s’exprime à travers des relations entre humains et non humains qui déconstruit le rapport dichotomique occidental nature/culture. Grâce aux savoirs et aux connaissances (agraires, médicales, culinaires) ainsi qu’aux implications spirituelles et symboliques, les cultures, les traditions et coutumes, et littéralement les vies, dépendent des lieux dans lesquels ces peuples sont inscrits. Ainsi, ne définissant pas les liens entre nature et culture de la même manière que les sociétés modernes, ces peuples ne se considèrent pas comme « maîtres et possesseurs » ou « propriétaires » des terres, mais entretiennent des liens de réciprocité et d’interdépendance avec elles. A ce titre, certaines communautés humaines sont  présentées comme détentrices expérimentées d’un savoir vivre durable et écologique. » Tiphaine Calmettes Sympathie, contagion et similitude

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Le vestige d’un penc de Dakar qui se fait autour d’un arbre qui à l’époque était le socle du village. Le penc est cet espace symbolique où se retrouvent les membres de la communauté pour discuter, légiférer, juger ou célébrer. La collectivité lebou de Dakar en compte douze qui font partie de l’histoire de la communauté

Ainsi, la médecine traditionnelle conserve une place très importante dans le système de santé africain. Elle est beaucoup moins coûteuse que la médecine moderne (qui nécessite une recherche et une technicité très onéreuses). Et comble les manques des politiques publiques de santé qui restent, malgré des changements, insuffisantes (carence d’équipement, etc..). Cela est particulièrement vrai, en milieu rural (où sont absents les hôpitaux), où la population continue de recourir régulièrement aux tradi-praticien.e.s. Plantes médicinales et herboristerie s’appuient sur des traditions de soins populaires fondées sur des usages parfois millénaires. Cette médecine, étudiée par l’ethnobotanie, basée notamment sur la connaissance des plantes médicinales (ayant des propriétés médicamenteuses et des usages alimentaires ou condimentaires) permet de considérer l’apport majeur des substances naturelles à la thérapeutique (phytothérapie) sous différentes formes (poudres, etc). Ainsi l’herboristerie en Afrique, comme dans de nombreuses régions du monde, cohabite aujourd’hui, avec la médecine moderne.

Aujourd’hui, la valorisation des actifs végétaux est aussi à la source de la pharmacie moderne et porteuse d’avancées scientifiques dans des champs de plus en plus divers. Ancrée dans la tradition, tournée vers l’avenir, la « filière plantes » de la production agricole, qui conduit à la commercialisation des multiples produits dérivés (tisanes, phytothérapie, compléments alimentaires, huiles essentielles, cosmétiques, etc.), s’inscrit aujourd’hui dans un marché dynamique. Elle est au carrefour de nombreux enjeux qui parlent à notre société contemporaine : sa façon d’aborder la santé au quotidien par des soins perçus comme plus naturels, mais aussi son rapport à l’environnement,  l’attention et le respect portés à la ressource végétale.

Pourtant la médecine moderne cherche encore souvent aujourd’hui à discréditer le travail des tradi-praticien.ne.s. À travers, par exemple, des campagnes virulentes contre ceux ou celles qui pratique la médecine par les plantes ou encore l’empêchement de travaux de recherche valorisant les pratiques traditionnelles.

Face à la globalisation des savoirs et des pratiques de la médecine occidentales, les stratégies de patrimonialisation peuvent devenir un instrument de revendication des droits culturels et des spécificités locales. En même temps, le processus de patrimonialisation dans sa dimension métaculturelle aspire à une reconnaissance internationale du fait des déplacements des communautés et de leurs savoir faire avec elles. Des héritages locaux en médecine, des récits, des rituels et croyances, des traditions se transforment et s’hybrident au gré des mobilités transnationales. La translocalité de ces savoirs et pratiques amène à penser  à des rapports culturels complexes au croisement de plusieurs mondes et être mondes.

Mais les phénomènes sont complexes, à l’échelle des villes globalisées, les corps vivants sont déterritorialisés : ils sont coupés de leur milieu, n’interagissent plus qu’avec des plans d’aménagement urbain conduits par des politiques néolibérales, de fragmentation et de cloisonnement des espaces et des corps. Les villes s’agrandissent, et le végétal est souvent artificialisé ou tout simplement supprimé. Et à Dakar par exemple, les jeunes urbains perdent peu à peu la relation à l’environnement naturel.

 


L’interstice comme espace de résistance

Par Ariane Leblanc coordinatrice de La Semeuse, 2017

“ L’espace est un des lieux où le pouvoir s’affirme, s’exerce et sans doute sous la forme la plus subtile, celle de la violence symbolique comme violence inaperçus”[1]

Pierre Bourdieu

Dans le rapport sur le développement publié par la Banque Mondiale en 2009, Il est affirmé : “Le rôle des pouvoirs publics doit consister à stimuler un engagement privé bien réglementé (…) Un bon début peut consister à établir les fondements juridiques de contrats d’hypothèque simples, applicables et réfléchis. Lorsque le système financier d’un pays se développe et devient bien établi, le secteur public peut favoriser la titrisation des hypothèques”. C’est-à-dire la transformation des crédits d’une sûreté réelle, concret comme du bâti en produit de financier.

Dans ce sens, les politiques urbaines contemporaines cherchent à créer des pôles de croissance “entrepreneuriale” qui se traduisent par une politique d’attractivité du territoire. Ces politiques essentiellement commerciales sont nées dans les années 1970 de la volonté des États mais aussi des régions et des villes de s’ouvrir aux investissements internationaux privés. On peut donc parler de marketing territorial ; ce sont les entreprises majeures du secteur de la promotion immobilière qui investissent de manière sectorielle en partenariat avec les collectivités locales pour développer une attractivité résidentielle, touristique et commerciale.

Cela se traduit par l’aménagement spatial des métropoles en lien avec un marketing identitaire des espaces. En France, ces pôles de compétitivité ont été lancés en novembre 2004. L’objectif de ces créations de pôles est de susciter davantage d’innovation et davantage de projets de recherche et de développement allant vers des projets industriels et commercialisables. Cette politique de valorisation économique n’est pas complètement originale (les clusters anglais existent depuis plus de cinquante ans).

Il existe un lien entre politique macroéconomique et les politiques de logement et d’urbanisation des villes contemporaines. Le bâti est en effet un moyen d’investissement durable car il permet de créer des capitaux ainsi que d’en apporter.

Par ailleurs, selon la loi du 3 juin 2010 relative au Grand Paris “Le Grand Paris est un projet urbain, social et économique d’intérêt national qui unit les grands territoires stratégiques de la région d’Ile-de-France, au premier rang desquels Paris et le cœur de l’agglomération parisienne, et promeut le développement économique durable, solidaire et créateur d’emplois de la région capitale.” Le projet urbain du Grand Paris est donc un enjeux d’attractivité. “Ce projet intègre un objectif de croissance économique afin de soutenir la concurrence des autres métropoles mondiales.”

En clair, les communes bien intégrées à la future agglomération du Grand Paris vont devenir des bassins de dynamisation économique. Et donc des lieux où il faut investir. Les grandes gagnantes de cette révolution régionale sont Villejuif (Val-de-Marne), Aubervilliers, Saint-Denis, Noisy-le-Grand et Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Bagneux (Hauts-de-Seine), Saclay (Essonne), Le Kremlin-Bicêtre, L’Haÿ-les-Roses, Thiais (Val-de-Marne). Ces communes vont faire décoller les prix sur le marché de l’immobilier avec l’arrivée des futures lignes de métro du Grand Paris Express.

Aubervilliers deviendra alors l’un des plus grands pôles économiques et de recherche universitaire du Grand Paris, avec l’arrivée de la gare Mairie d’Aubervilliers qui permettra de desservir les nouveaux pôles d’activités : le centre commercial du Millénaire, le campus Condorcet et le centre aquatique (dans l’attente des Jeux Olympiques de 2024). Ce projet d’aménagement engendre la création de nouveaux logements (près de 300 logements) ainsi que l’édification de plus de 2000 m2 de nouvelles surfaces commerciales. La Mairie d’Aubervilliers n’est pas le seul quartier qui fera l’objet de ces transformations : le Fort d’Aubervilliers accueillera un éco-quartier de 35 hectares.

Des squats aux friches en voie d’institutionnalisation, de la ville en chantier aux espaces délaissés investis par des projets architecturaux, Aubervilliers est en transition urbaine. La “normalisation capitalistique” des espaces entraîne la disparition des nombreux interstices issus de l’histoire industrielle d’Aubervilliers, autrement dit de terrains vagues, des “délaissés” urbains au statut provisoire, indéterminé et incertain, à l’opposé des espaces que la ville moderne a figés en imposant des usages et des fonctions toujours liés à la propriété.

La question que nous voudrions nous poser alors c’est comment la friche industrielle témoigne d’une histoire Albertivillarienne?

Aubervilliers est une ville aussi complexe que changeante, une ville de passage pour certains. Ceux qui s’y établissent construisent une histoire plurielle de la ville. Rappelons l’importance à Aubervilliers de son passé maraîcher, la brutalité de son industrialisation et sa soudaine désindustrialisation et encore les utopies architecturales ont construit le collage urbain albertivillarien. Cent trente nationalités vivent, cohabitent, se rencontrent à Aubervilliers. Ces formes de vie aussi diversifiés que singulières se retrouvent, se croisent, inventent des formes de vie. Les habitants au travers des jardins, des associations, des pratiques artistiques, des maisons de quartier… Sont les acteurs de l’invention du quotidien. Ils œuvrent à créer des circulations d’entraide et de bienveillance au sein de la ville.

L’interstitiel évoque étymologiquement « se trouver » entre les choses. Il se réfère ainsi à la notion d’intervalle, de “porosité”. La perméabilité proposée par ces espaces offre toutes sortes de possibles aux différents acteurs du territoire. Comme le rappellent Philippe Pignarre et Isabelle Stengers, “L’interstice ne donne en effet pas de réponse, mais suscite de nouvelles questions.”[2]

On pourrait aussi faire nôtre le propos d’Urban Act : “L’interstice a rapport à la porosité. Le pore est cavité et passage, lieu propice au développement de processus qui échappent au contrôle et contaminent l’ordre statique de la représentation.[3] Les interstices représentent ce qui résiste encore au sein des métropoles, à l’emprise réglementaire et à l’homogénéisation. Ils constituent en quelque sorte la réserve de “disponibilité” de la ville. C’est là que peut s’esquisser le contour et le tracé d’une autonomie en devenir. L’interstice est de fait politique; il tente de faire rupture avec l’ordonnancement de la ville, qui hérite d’une construction et d’une pensée spatiale coloniale. Mais la réappropriation de ces espaces interstitiels s’expose également aux difficultés de forme de cohabitation diverses, intégrant des rythmes, des rituels, des habitudes et des familiarités différentes.

La Semeuse, plateforme de recherche pour une biodiversité urbaine, s’intéresse particulièrement à la friche albertivillarienne en tant qu’il est un espace de spontanéités végétales et de potentiel de sociabilité. Malgré son statut temporaire elle permet de réfléchir à de nouvelles formes d’urbanité. Ce que je nomme végétaux « spontanés » poussent dans ces interstices urbains. ils marquent fortement l’identité d’un territoire. Ils attestent d’une biodiversité sauvage dans l’espace urbain et donc d’usages plus libres, qui rentre d’autant plus en résonance avec la diversité culturelle d’Aubervilliers. Ces plantes « indésirables » poussent sur le rebord des trottoirs, dans les jardins et dans les friches. Souvent méconnues, invisibles, les spontanées contiennent pourtant de grandes richesses en terme de traditions culturelles, médicinales et alimentaires.

Ajoutons enfin que la connaissance et la reconnaissance du végétal sauvage en ville permet de développer le dialogue social. C’est ainsi qu’avec l’ethnobotaniste Véronique Desanlis nous avons organisé aux Laboratoires d’Aubervilliers des ateliers en 2016 et 2017. Ils ont permis de créer des groupes d’échanges autour des spontanées albertivillariennes afin de valoriser les savoir-faire culinaires et thérapeutiques de chacun.

Comment pouvons-nous nous saisir de l’identité végétale spontanée d’un territoire? Nous invitons cette année l’artiste François Génot, qui expérimente les parcours des végétaux dans l’environnement ordinaire des habitants. Tel un atelier à ciel ouvert, la ville lui offre dans ses détails et ses angles morts des possibilités de cohabitation entre humain et végétaux sur un terrain d’expérimentation à Aubervilliers. Il s’agit de déceler les invasives, les haies pionnières et en comprendre leur nature. François Génot de par sa recherche artistique sur le territoire d’Aubervilliers propose de questionner ce qui est à la marge de nos sociétés contemporaines et de donner la parole aux interstices humains comme végétaux.

 

[1] Fondements d’une théorie de la violence symbolique, in Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, La reproduction, Minuit, Le sens commun, 1970

[2]« La sorcellerie capitaliste – Pratiques du désenvoûtement », Philippe Pignarre Isabelle Strengers éd. La Découverte, 2005

[3] Urban Act, a handbook for alternative pratice, conçu et édité par AAA et PEPRAV (Plateforme européenne de Pratiques et Recherches Alternatives de la Ville), Paris, 2007


Pour une approche renouvelée de l’interstice

Ariane Leblanc, coordinatrice de La Semeuse, 2018

Un organisme et son milieu naturel constituent le binôme fondamental de l’écologie. L’environnement, composé d’une diversité animale et végétale, se transforme constamment, au gré des interactions qui les lient entre elles et avec leur territoire. Cette modification permanente soutient, en retour, le développement de la diversité. Le milieu influe sur l’organisme et l’organisme influe sur le milieu.

Aujourd’hui, à l’échelle des villes globalisées, les corps vivants sont déterritorialisés : ils sont coupés de leur milieu, n’interagissent plus qu’avec des plans d’aménagement urbain conduits par des politiques néolibérales, elles-mêmes héritées d’une pensée colonialiste, de fragmentation et de cloisonnement des espaces et des corps.

Comment repenser une expérience de l’habitat qui puisse reconnecter corps et milieu ? Quelles sont les relations à inventer, à cette fin, entre milieu et organismes humains et non-humains ?

Les nombreuses rencontres, pratiques et théoriques, menées par La Semeuse, plateforme de recherche pour une biodiversité urbaine, ont permis de dégager quelques pistes de réponse. Ce projet s’inscrit, à Aubervilliers, dans un contexte de transition urbaine menée dans le cadre d’une politique du Grand Paris révélatrice des rapports de pouvoir qui sous-tendent les planifications urbaines en général.

Depuis le milieu des années 1980, la politique urbaine néolibérale organise les ressources naturelles et économiques en pôles de croissance « entrepreneuriale » dynamiques : « les pôles de compétitivité[1] ». L’urbanisation est intrinsèquement liée au capital : le capital administre les flux humains vers ces différents pôles de compétitivité. Dans un monde globalisé, structuré autour de métropoles, ces flux, transfrontaliers, visent à mettre le plus directement possible des villes en réseaux. Sa fluidité et sa vitesse sont la garantie du bon fonctionnement de ce processus, au point que François Asher déclare que « la mobilité […] au cœur du processus d’urbanisation est un principe de la métropolisation et non une de ses conséquences[2] ». Cette mobilité à tout prix participe au désencrage des individus, à leur déterritorialisation au sens de Deleuze et Guattari[3]. Cette nouvelle manière de penser la culture humaine, hors sol, entraîne une redéfinition des rapports que les humains entretiennent entre eux.

Héritage colonial et domestication

La métropolisation suit une idéologie colonialiste, c’est-à-dire un système de domination qui promeut une interprétation unique et globale du monde, ainsi qu’une facilitation des échanges marchands par sectorisation de la production mondiale. Autrement dit, chaque pays se spécialise dans la production de certains produits et se voit contraint d’importer les autres biens et services nécessaires, en fonction des prix du marché. Ce fonctionnement colonial accroît la relation de domination et d’exploitation des sociétés traditionnelles et populations rurales par les populations urbaines. Ces mécanismes de discrimination sociale s’exercent aussi à l’échelle des villes où existe une spatialisation, cette fois, raciale.

L’enjeu territorial constitue, par nature semble-t-il, un enjeu de pouvoir. Comme le dit le philosophe Jean-Baptiste Vidalou, « Gouverner les hommes, c’est gouverner leur milieu[4]. » De nombreuses guerres civiles ont été menées à l’intérieur même des pays pour le contrôle des territoires[5]. Déjà au xviiie siècle, les savoir-faire paysans constituaient une question épineuse pour les gouvernements coloniaux. Et au xixe siècle, en France, les ingénieurs se revendiquaient, pourvus de leur modèle scientifique et de leur vision moderniste, comme les seuls capables de sauvegarder un territoire, proscrivant par là même les pratiques paysannes, qu’ils considéraient comme archaïques. Soit des stratégies guerrières d’homogénéisation et de contrôle des espaces, de domestication des individus et de leur environnement.

La domestication de l’environnement[6] s’inscrit du côté du civilisé, qui, contre le sauvage, prétend quantifier le milieu pour mieux le saisir et l’assujettir. Les espaces urbains se structurent autour de l’opposition entre, d’un côté, une nature devenue désormais un espace mesurable, utilisable à des fins de privatisation et, de l’autre, un végétal qui se développe hors sol. Cette occupation totale des territoires par l’humain ne laisse plus aucune place au milieu naturel sauvage, excepté dans les parcs nationaux où il préserve « une parcelle de verdure ». Mais les individus eux-mêmes subissent cette domestication – ce que Michel Foucault conceptualise via le terme biopolitique[7] : une technologie du pouvoir qui tend à mesurer le vivant, à le rendre davantage lisible et à le discipliner en créant des unités de mesures.

 Espace clos

Le mode de gouvernance libéral se manifeste par la fabrique d’espaces clos, dits « sécurisés ». Ces espaces quadrillés, travaillés par le design urbain, influencent les usagers de la ville. L’objectif consiste à les déplacer entre différents espaces fonctionnels, de manière à encourager leur consommation et à ainsi faire circuler le capital. Toute personne ne voulant pas ou n’ayant pas de capital en circulation n’est donc plus utile pour la métropole, et devient un indésirable à évincer.

L’artiste photographe Sandrine Marc questionne cette politique d’inhospitalité et d’ultracirculation à travers sa série de photos Dispositif, réalisée à Paris en 2009. Tout comme le Survival Group avec le travail, « Les anti-sites : excroissances urbaines anti-SDF »[8] c’est en déambulant dans l’espace public qu’ils/elle constatent l’installation de formes antistationnement qui empêchent de s’y installer, d’y stationner. Pensés et désignés pour être le plus discrets possible, ils agissent et influencent la vision de la ville des usagers sans ces derniers en soient forcément conscients. Malgré tout, certains parviennent à en détourner les usages (des sans-abri qui réussissent à y demeurer, voire à y habiter, des jeunes qui les transforment en espaces de jeu). Ces détournements permettent aussi de les rendre d’autant plus visibles.

Quelques années plus tôt, en 2003, Gilles Pâte et Stéphane Argillet réalisaient le film Le Repos du Fakir, qui traite de ces mêmes questions :

Le mobilier urbain est la partie visible d’un urbanisme hygiéniste qui modèle nos comportements dans les espaces dits publics. On ne peut plus se regrouper nulle part. On ne peut plus se reposer sur les bancs : ils glissent. Il en est de même des espaces collectifs des facultés construites après 68 : pas de rassemblement, pas de réunion (faculté de Tolbiac, Paris 13e). Cet urbanisme refoule les zonards, les sans-abri, les jeunes vers des lieux moins contrôlés, hors du centre de Paris, ville monument obsédée par l’image figée, propre, qu’elle veut donner d’elle-même[9].

La gestion technocratique actuelle des villes a tendance à ne plus considérer les corps que comme des objets gênant la régulation des flux.

L’expérience de l’habiter 

« Être homme veut dire d’abord habiter[10]. » L’humain investit un lieu qu’il valorise mentalement en y associant des significations qu’il peut modifier par son action. Le verbe habiter est riche de sens. D’un côté, c’est la question pragmatique du logement, de la nécessité de l’abri et, de l’autre, celle de la pensée réflexive que l’habitant porte sur ses modes d’habitation. C’est cette dernière caractéristique que je souhaite interroger : l’humain habite lorsqu’il expérimente la signification d’un milieu.

C’est cette perception sensible que l’artiste et chercheuse étudiante en Art esthétique et science de l’art[11] Ingrid Amaro défend, quand elle s’inspire de la philosophie transcendantaliste[12] pour théoriser et expérimenter la conscience vernaculaire comme geste artistique. La philosophe révoque la définition de l’endémisme en s’appuyant sur l’exemple du Sophora toromiro de l’île de Pâques, « arbre endémique » qui s’avère s’être déplacé au Chili. Amaro développe un processus esthétique qui offre une expérience sensible du milieu et des territoires « autres ». S’ancrer dans un lieu, c’est redonner et garantir à la vie ses conditions d’existence, c’est appartenir à un lieu autant qu’il nous appartient. C’est créer une interdépendance.

La notion d’hétérotopie[13] urbaine, telle que développée par Michel Foucault dans sa conférence « Des espaces autres », en 1967, s’ancre physiquement, contrairement à celle d’utopie. Elle se rapporte à des lieux réels caractérisés par une expérience « mixte », « mitoyenne ». L’expérience que l’on en fait, mélangée et ambiguë, se caractérise par des relations subjectives. Cette notion est au cœur de la pensée du lieu public développée par la philosophe Joëlle Zask[14] : un espace dont les usages sont situés, traversé par des usager·ère·s qui le transforment localement. Les relations entre les êtres qui s’y jouent, diverses et déhiérarchisées, élaborent progressivement un sens commun et font communauté. Cela produit des temps de rencontre et d’interaction non déterminés, qui ne sont pas imposés de manière verticale. C’est organicité des relations qui l’agence et le réagence. Sa structure n’est jamais fixe, c’est donc la dynamique qui définit le sens.

Perla Serfaty[18], psychosociologue née à Marrakech, définit les caractéristiques fondamentales de l’habiter selon trois principaux aspects : l’instauration d’un dedans et d’un dehors, la question de la visibilité et du secret et enfin, le processus d’appropriation. Cette démarche permet, selon elle, de cerner davantage ce qui constitue le noyau de l’expérience d’habitation. « Habiter » implique que les espaces où la vie se déroule soient des lieux de mémoire, d’ancrage symbolique et dotés d’un caractère particulier et singulier qui les distingue. Vu de la sorte, habiter devient alors un « art du lieu ».

[1] « Les pôles de compétitivité, moteurs de croissance et d’emploi », URL : http://competitivite.gouv.fr.

[2] François Asher, grand prix de l’urbanisme 2009 en France.

[3] Gilles Deleuze et Félix Guattari, Mille plateaux, Paris, Les Éditions de Minuit, 1980.

[4] Jean-Bathiste Vidalou, Être forêts. Habiter des territoires en luttes, Paris, La Découverte/Zones, 2017.

[5] Jean Bathiste Vidalou voit, dans l’insurection des protestant camisards contre le roi Louis XIV, au début du xviiie siècle, l’une des premières résistances politiques contre le contrôle des territoires par le pouvoir central.

[6] André G. Haudricourt, « Domestication des animaux, culture des plantes et traitement d’autrui », L’Homme. Revue française d’anthropologie, janvier-avril 1962, p. 40-50.

[7] Biopolitique : terme apparu en 1974 dans une conférence de Michel Foucault prononcée au Brésil sur « la médecine sociale » (« As malhas do poder », « Les mailles du pouvoir », trad. P. W. Prado Jr., conférence prononcée à la faculté de philosophie de l’université de Bahia en 1976, et publiée dans Barbárie, no 4, été 1981, p. 23-27 et Barbárie, no 5, été 1982, p. 34-42. Reprise dans Dits et écrits, 1954-1988, t. IV (1980-1988), Paris, Gallimard, « Bibliothèque des sciences humaines», 1994).

[8] Survival Group, « Les anti-sites : excroissances urbaines anti-SDF », photos d’Arnaud Elfort et Guillaume Schaller, URL : http://www.flickr.com/photos/7211263@N02/sets/72157602377494963/

 

[9] Gilles Pâte et Stéphane Argillet, Le Repos du Fakir, vidéo 6’’20, 2003.

[10] Gaston Bachelard, La Poétique de l’espace (1961), Paris, PUF, 2005.

[11] Ingrid Amaro, Contre nature : le déplacement géographique de l’endémisme, Master in Art and Vision, soutenance de thèse prévue à Paris  Panthéon Sorbonne Paris 1pour 2020.

[12] Elle s’inspire de Henry David Thoreau, Walden ou la Vie dans les bois (1854), récit de 2 ans, 2 mois et 2 jours passés (de 1845 à 1857) par l’auteur dans une cabane construite de ses mains, au bord de l’étang de Walden dans le Massachusetts, aux États-Unis).

[13] Conférence de Michel Foucault intitulée « Des espaces autres » (Tunisie, 1967), publiée dans Dits et écrits, 1954-1988, t. IV, op. cit., p. 752-762.

[14] Joëlle Zask, Quand la place devient publique, Paris, Le Bord de l’eau, « Voies du politique », 2018.

[15] Collectif Mauvaise Troupe, Histoires croisées de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No Tav dans le Val Susa, Paris, L’Éclat, 2016.

[16] Code de l’urbanisme, art. L 212-1, URL : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do?cidTexte=LEGITEXT000006074075&idArticle=LEGIARTI000006815081&dateTexte=&categorieLien=cid.

[17] Le droit de préemption urbain (DPU) : la commune est autorisée à préempter dans certaines zones prédéfinies, en vue de réaliser des aménagements urbains.

 

[18] PerlaSerfaty-Garzon, Chez soi. Les territoires de l’intimité, Paris, Armand Colin, 2003.

Aubervilliers, juin 2018


Manifeste pour un autre regard sur notre présent
par Ariane Leblanc, coordinatrice de La Semeuse

Aujourd’hui, le vivant est la nouvelle conquête du capital. L’enjeu est considérable puisque toutes les dimensions de l’humain sont concernées : santé, nutrition, éducation, reproduction.

Le capitalisme fait preuve d’une incroyable capacité à anticiper et à assimiler toutes formes d’idées afin qu’elles soient transformées ou détournées de leur objectif premier, tout en prenant soin de garder les populations dans une croyance aveugle grâce à la “bienveillance des lois du marché”.

Désormais, la course à la propriété passe par le dépôt de brevets qui définissent les droits nouvellement acquis et par des avocats qui les défendent. Encore a-t-il fallu pour cela que le vivant devienne brevetable. Jadis, seules les inventions pouvaient l’être, et non pas les découvertes. Aux États-Unis, le tournant date de l’année 1980 avec un arrêt de la Cour suprême qui a, pour la première fois, autorisé le dépôt d’un brevet sur un être vivant, en l’occurrence une bactérie transgénique. L’Europe a suivi. En juillet 1998, la directive européenne 98/44 sur les biotechnologies a rendu légale la brevetabilité des animaux, des végétaux et des éléments isolés du corps humain, comme les gènes, « toute matière biologique même préexistante à l’état naturel du moment qu’elle soit isolée de son environnement naturel ou produite à l’aide d’un procédé technique » peut être brevetable.

À supposer que le marché devienne une matrice d’organisation très étendue de la société, on déduirait que tout ce qui régirait notre environnement pourrait être considéré comme pouvant faire l’objet d’une transaction monétaire. Le bien commun de l’humanité qu’est la nature pourrait désormais être approprié à des fins de privatisation. Ces modes individuels ou collectifs d’appropriation ont une histoire, en particulier en lien avec les terres, les ressources en matières premières et en eau. Cela s’est développé avec les appropriations collectives des domaines afin d’en tirer un meilleur profil pour des certaines multinationales, comme Total par exemple qui investit dans le pétrole, les énergies renouvelables mais aussi dans la culture.

Il s’ensuit un déchaînement des luttes concurrentielles pour le contrôle de cette propriété, dont l’enjeu est l’expropriation du plus grand nombre de paysans et la constitution de chasses gardées des territoires par les multinationales. Les laboratoires occidentaux prospectent sur la génétique de la flore des pays en voie de développement et vendent à un coût dérisoire des brevets aux entreprises comme Monsanto ou encore Dupont-Pionner s’appropriant ainsi des plantes utilisées par les peuples indigènes depuis des siècles, les privant alors de la possibilité de les exploiter.

Fort de cette analyse, comment peut-on juger la situation contemporaine ?  Quelle confiance pouvons nous avoir en ce que nous consommons ? Comment peut-on penser notre société humaine sans valeurs humaines pour l’encadrer ? Faute de s’étendre sur le respect de la personne et de son environnement nous risquons de tout ramener à sa valeur productive, à celle d’un automate producteur et consommateur normalisé calculant en permanence l’optimisation de son bien matériel.

La diversité est une notion qui se réfère à la différence, à la variété. L’existence de la diversité du vivant est considérée comme un actif important pour l’humanité dans la mesure où cela a contribué et contribue à la connaissance que nous avons aujourd’hui de l’environnement dans lequel nous vivons. En effet la compréhension d’un objet de réflexion peut s’enrichir par la diversité des points de vue et l’ouverture du regard que nous portons sur lui.

La subjectivité inconsciente normalisée initiée par la culture capitaliste possède une fonction hégémonique qui produit des systèmes d’échanges unilatéraux. Proposée puis imposée, la culture de masse étouffe les dissemblances du vivant. Monsanto et Sygenta qui aujourd’hui forment la même entreprise contrôlent près de 50% des semences mondiales. Cela passe par une uniformisation des graines rendues stériles et vendues aux agriculteurs qui produisent à perte car ils sont obligés de racheter de quoi produire chaque année. L’objectif est la dépendance alimentaire car, il l’ont bien compris, le contrôle de la  production de la nourriture permet le contrôle des populations.

Entré en vigueur en 1995, l’accord sur l’agriculture de l’OMC vise à faciliter l’accès aux marchés, notamment par l’abaissement des droits de douane (de 36 % entre 1995 et 2000). Il a de fortes répercussions pour les pays pauvres, avec une hausse des importations au détriment de la production locale : selon la FAO, dès 2002 le Bangladesh avait doublé ses importations agricoles quand l’Afrique voyait sur ses étals l’arrivée massive de produits alimentaires de base importés. L’ouverture des marchés a en effet été réalisée dans des conditions très inégales : elle met en concurrence une agriculture intensive et spécialisée du Nord et de certains pays agro-exportateurs du Sud (Brésil, Thaïlande, Vietnam…) avec une agriculture familiale diversifiée et non aidée. C’est donc surtout l’agriculture industrielle qui sort gagnante : difficile d’en être concurrent quand les écarts de productivité entre agriculteurs africains et européens sont de 1 à 500.

La souveraineté alimentaire est un concept présenté par Via Campesina, réseau mondial d’organisations paysannes, lors du Sommet de l’alimentation de la FAO, qui s’est tenu à Rome en 1996. Il s’agit d’un droit international laissant la possibilité aux États ou aux groupes d’États de mettre en place des politiques agricoles les mieux adaptées à leurs populations sans impact négatif sur les populations d’autres pays. La souveraineté alimentaire s’oppose ainsi aux principes de l’OMC. Complémentaire de la sécurité alimentaire qui concerne la quantité d’aliments disponibles et l’accès des populations à ceux-ci, la souveraineté alimentaire accorde de surcroit une réelle importance aux conditions sociales et environnementales de production. Elle insiste sur le fait que les aliments ne sont pas que de simples biens de consommation car elle valorise les savoir faire traditionnels des paysans. Elle défend les systèmes alimentaires locaux afin de minimiser la distance entre producteur et agriculteur et de rendre la gouvernance au producteur.

Défendons nos producteurs locaux!
Reprenons le pouvoir sur ce que nous mangeons!
Rendons ses droits à la nature! 

Aujourd’hui, La Semeuse travaille à revaloriser le geste du troc. L’intention est de permettre à cette plateforme de recherche pour une biodiversité urbaine de devenir un lieu d’information et de réflexion sur les problématiques contemporaines des organismes génétiquement modifiés. La réappropriation de la production alimentaire passe par l’information de ce que les multinationales, liées aux politiques gouvernementales, imposent aux producteurs et par voies de conséquences aux consommateurs. Pour cela La Semeuse œuvre à mettre en place un réseau de troqueurs en île-de-France afin de favoriser l’échange des graines, des plantes, d’expériences. Ceci afin de générer entre et avec les participants du troc une indépendance de productions locales, mais aussi d’ouvrir à un public plus large ces questions afin de réaffirmer le pouvoir d’agir de tous. Des temps de réflexions et d’ateliers seront mis en place sur ces questions de la graine, de la plantation mais aussi de la nourriture, en s’appuyant sur les savoir-faire de chacun et en particulier des acteurs du quotidien d’Aubervilliers.

Aubervilliers, mai  2016


La Semeuse c’est aujourd’hui des explorations et des expérimentations : Réfléchir et agir! et surtout ESSAYER!

*Workshops : Les intervenants aux débats réalisent leur idée ou concept in-situ au jardin, sur la rue ou sur la friche. Pour cela il y a une phase d’étude du contexte, recherche du thème et réalisation avec la participation des habitants. Des workshops sont possibles avec des étudiants et des associations. La durée est variable.

*Ateliers : Proposés et animés par la coordinatrice ils se présentent sous plusieurs formes : ateliers aux scolaires de Charlotte Delbo une fois par semaine, des ateliers d’éveil aux enfants de la crèche Lécuyer une fois par semaine, cuisine-partage de repas-jardinage et animation dans le jardin une fois par mois. Régulièrement à la cité des Fusains jardinage-bricolage avec des enfants d’autres cités. Des ateliers sont conçus et réalisés à la demande de salles de quartiers et structures scolaires.

*Randonnées et balades urbaines : Voyez Aubervilliers comme vous ne l’avez jamais vu. Programmées une fois par mois, vous pouvez également réserver auprès de la coordination de La Semeuse. Architecture, espaces verts, jardins et surtout albertivillariens et jardiniers.

*Résidences : Artistes, jardiniers, designers, étudiants ayant envie de réaliser un projet de leur mains dans le contexte urbain des Quatre Chemins accompagnés des habitants, sont invités peuvent venir mettre à l’épreuve leur imagination. Comme Marilou Lantieri.

*Jardinage-troc-compost : En permanence, venez profiter des bienfaits du jardin.

POUR ALLER PLUS LOIN …

La Semeuse initie une réflexion autour de la place du vivant dans nos sociétés contemporaines. C’est un projet organique fédérateur de liens entre l’Homme et son espace, pour imaginer ensemble un avenir plus durable dans le contexte de développement de la ville. À travers un acte comme le jardinage, porteur de valeurs sociales, des réflexions plus théoriques et artistiques sur le devenir du vivant en ville et des actions collectives dont elles seront instigatrices, La Semeuse vise à concerner tout un chacun pour que tout geste envers l’espace urbain soit perçu comme une grande décision d’appropriation du territoire et portant en lui des grandes répercussions.

germination enhancedDessin: Marjetica Potrc, 2011

LE JARDIN

Cet espace inauguré en avril 2012 est ouvert à tous. A l’origine, des sacs de chantier faisaient office de jardinières. Au printemps 2013 Margaux Vigne et l’agence Bloc Paysage, ont dessiné et construit le jardin. Il est aujourd’hui constitué d’une parcelle de terrain, d’une pergola avec tables et bancs et de plantations en bacs. La végétation actuelle résulte des mises en communs des jardiniers d’Aubervilliers et des ateliers faits les années précédentes. Dans la dynamique de son appropriation par les habitants, ces formes, ces plantes et techniques de plantations sont vouées à évoluer, grâce aux conseils et savoirs de tous. Par le biais de différents moments d’ouvertures publiques et des ateliers à thème proposés par tous, le projet propose un volet de sensibilisation à l’environnement. Il instaure aussi un espace de réflexion théorique et de pratique artistique, élaboré à partir des enjeux urbains contemporains, concentrant les différentes disciplines porteuses d’une pensée objective de la ville, mais non exhaustive.

Le jardin est un élément signalétique fort pour les Laboratoires d’Aubervilliers, une articulation entre la population et ce lieu culturel singulier inscrit au cœur de la ville. La Semeuse a donc aussi comme visée la revalorisation de l’espace bétonné et engazonné. Tel un filtre entre la rue et le bâtiment des Laboratoires d’Aubervilliers, produisant une relation intermédiaire entre intérieur et extérieur, entre bâti et non-bâti,  le jardin souhaite induire l’envie de s’approprier la ville de manière durable.

La Semeuse et LE LABO DES LABOS*

[labo des Labos / Ouverture du JARDIN]

« Un simple battement d’ailes d’un papillon peut-il déclencher une tornade à l’autre bout du monde ? »Edward Lorenz

Situé sur l’esplanade des Laboratoires d’Aubervilliers, le jardin est le lieu de rencontres entre jardiniers aguerris et amateurs désireux d’apprendre, artistes et autres professionnels, autour d’un atelier ou simplement pour partager un moment de convivialité. Point de collecte et d’archivage, La Semeuse propose un troc de graines mis en place dès le début du projet en 2011. Lieu de partage de plantes, de savoirs-faire et de questions liées au jardinage urbain, La Semeuse créé des relations d’un jardin à l’autre.

[labo des Labos / Explorations et expérimentations collectives ]

RENCONTRES « L’usage et la pratique ont précédé toutes les sciences et tous les arts ; mais les sciences et les arts ont ensuite perfectionné la pratique. »César Chesneau

La Semeuse offre un espace de débats publics un mardi par mois en constituant un groupe d’échange hybride sur une saison. L’occasion de construire une nouvelle pensée autour de projets artistiques, de réalisations, d’aménagements alternatifs, de propositions d’urbanisme écologistes ou d’autres formes de réponse aux problématiques urbaines actuelles. Des professionnels internationaux venus des domaines de l’architecture, de l’urbanisme ou de l’écologie, ainsi que des artistes et des designers, croiseront leur expérience présenterons leurs projets originaux. L’approche de ces “labos des Labos” se développe autour des différentes disciplines qui nourrirons une réflexion pour la réactualisation des enjeux de la création urbaine en situant l’Homme au centre des préoccupations, tant vis-à-vis de son espace naturel que de l’anthropisé.

EXPERIMENTATIONS « La valeur d’une ville se mesure au nombre de lieux qu’elle réserve à l’improvisation » Siegfried Kracauer

L’espace urbain est une intersection de l’artistique, du culturel et du social et La Semeuse veut les rapprocher. Les professionnels, les créateurs, les habitants et les artistes sont invités à se saisir de cet outil. La Semeuse, ancrée dans Les Laboratoires d’Aubervilliers, offre un lieu d’expérimentation où les idées les plus audacieuses autour du végétal et de la ville pourront tester leur impact à échelle réelle. Grâce aux initiatives collectives qui émergeront de ces débats, des réalisations prendront donc forme in situ en favorisant la participation citoyenne.

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